La Vérité
Et, voilà, tout le monde la réclame! Qui...Ben, elle, "La Vérité", Ne me demandez pas quelle vérité, je ne saurais vous répondre!
En tous cas, dans cette fable, je vous la donne, toute...nue!
La Vérité
Un journaliste, amoureux de la Vérité,
La rencontra tout près d’un puits
Elle était belle au soleil, assoupie,
Nue.
-Vous, s’écria-t-il ébloui et ravi,
Vous que j’ai si longtemps cherchée !
La belle réveillée, lui dit d’une voix claire,
-Je t’attendais, ami, j’étais si solitaire,
Tu m’as enfin trouvée, réelle et authentique
Et prête à parcourir le monde.
Le pigiste, d’humeur pudibonde,
Lui dit :
-Comment te présenter à nombre de lecteurs,
Toute nue, comme ça, tu joues les impudiques,
Tu risques de leur faire très peur.
-Impossible, jeune homme, je suis la Vérité
Celle que l’on attend, sans voile, émancipée !
-Tu ne les connais pas, ils vont te détester !
-Dans ce cas, mon ami, je retourne à mon puits.
-Reste, je t’en supplie, je fais le nécessaire,
De Dior et de Chanel, tu sais le savoir faire,
Et pour le maquillage, le meilleur de Paris !
On ne va plus te reconnaître.
-A quoi bon dans ce cas, tout ce remue-ménage ?
Si je ne peux plus être,
Je renonce au voyage.
-Tu risques de rater le plus beau des hommages,
Belle comme le jour et fille de l’absence,
Tu n’en seras, ma mie que cent fois plus jolie,
On t’appellera Transparence
Et pour te reconnaître il faudra de la chance.
Mais Vérité est femme, curieuse et intriguée.
C’est dans un Grand Journal, qu’elle fut présentée.
Elle fit sensation, et fut très applaudie,
Le journaliste heureux de ce grand coup d’éclat,
Parla, parla, parla, parla.
Au milieu des discours et voix cacophoniques,
Personne n’entendit la si jolie musique,
De la Vérité.
On retrouva plus tard, en un coin, oubliés,
Les atours de la belle,
Avec
Ecrit sur les rideaux en guise de libelle
« Mon nom est Vérité et je suis sans Pareille
Femme de tous les temps, et de tous les pays,
Pour m’entendre, amis sourds, il vous faut des oreilles
Et, un grain de folie.
Julien SABBAN