La Gitane et le Ménestrel

L'activité toute relative du fabuliste que je suis trouve parfois, un sujet, une idée, voire un objet qui fait son bonheur.

L'aventure d'une chorale, Villancico, me donne outre l'occasion de lui rendre hommage, le plaisir d'une variation sur le thème de la gitane, qui à ma grande surprise se révèle être un bon sujet de fable. La voici:

La Gitane et le Ménestrel

Une Gitane aventureuse,

Venue des ciels d’Andalousie,

Rencontra l’homme de sa vie,

Et c’était un artiste.

Amoureux de musique et l’humeur baladeuse,

Un peu Gourou, très concertiste.

Il l’emmena très loin, dans  une île perdue,

Au sein d’un immense océan.

Amour quand tu nous tiens, tu fais les choses en grand,

Et la belle qui avait jeté aux orties,

Les fandangos, et séguedilles

Pour vagabonder en musique étrangère,

S’épris tout brusquement de l’artiste baroque,

Trouvant en lui l’amant, et sûrement le père,

 Un brin Magister loufoque.

Il l’enivra des mois durant,

De messes en  requiems et de psaumes en  motets,

Amnésique de son passé,

De gitane à Villancico.

Un jour d’ennui, elle demanda tout de go

A son Pygmalion bien aimé,

-Plaçons, je t’en supplie, un bémol à la clé.

Je veux souffler un peu, dit-elle en un soupir.

Je comprends ton désir, lui répartit l’amant,

Nous allons chanter autrement.

J’étais dans ma jeunesse, un joyeux ménestrel,

Je jouais du violon, comme un romanichel.

Et je sais des musiques issues du fond des âges, 

Qui vont rendre jaloux tous les gens du voyage.

Bien qu’espagnole et mélomane,

Notre Gitane,

Se contenta d’un long silence.

Elle doutait durant sa pause,

Des promesses de son beau troubadour.

-Je voudrais bien mais vrai je n’ose,

Chanter une chanson d’amour.

-Tu chanteras ma mie, bientôt, des ritournelles,

J’ai préparé pour toi des mélodies nouvelles,

Où l’Afrique et l’Asie se tenant par la main,

Chantent avec l’Italie, sur mes  alexandrins.

Des rythmes plus que  fous, aux couleurs médiévales,

                                                         Des cantates métisses  aux splendeurs monacales.

Tu essatisfaite je pense, 

Je sais que tu aimes la danse.

                                                                         A trente ans l’amour est volage,

Mais lorsqu’on est gitane, et qu’on est amoureuse,

On rêve d’une vie musicale et heureuse.

Et il nous faut alors, un jour, tourner la page,

 Dire un adieu à Bach, Vivaldi et Mozart,

Pour d’autres émotions et pour l’amour de l’art

Julien SABBAN