l'Avocat des causes perdues
L’avocat des causes perdues
Antoine est avocat, il aime la justice,
Il a des convictions, il défend l’innocent,
La veuve et ses enfants.
Il fait fi de l’argent et des succès factices,
Au Palais on l’appelle Maître de Lacryma
L’avocat du mélo qui fait pleurer Margot
L’affaire qui l’occupe, aujourd’hui, est un cas.
Sa cliente est jolie, mais sort d’un rodéo
Qui met en cause son mari,
Décédé durant la bataille.
L’enjeu, pour elle, est maintenant, de taille,
Meurtre et flagrant délit,
Elle risque la prison à vie.
Je suis innocente, dit-elle,
Masquant ses yeux de tourterelle,
Il est tombé sur le couteau,
Avec lequel il menaçait de me tuer,
Le salaud !
Mais Antoine est prudent, pour lui, rien n’est joué
Les yeux verts et mouillés de l’inculpée en pleurs
Sont la preuve évidente de sa sincérité.
Comment ce petit bout de femme fleur,
Pourrait–il se servir d’une aussi grosse lame,
L’homme avait bu, il voulait c’est sûr, la violer.
Sa chaude plaidoirie fut brève et féministe,
Défenseur de la femme et de ses deux enfants,
L’avocat su tirer, des larmes aux assistants.
D’une chiquenaude d’artiste,
Il sut faire envoler, grâce à sa dialectique,
Les empreintes sur le couteau,
Anéanties ipso facto,
Par des arguments pathétiques.
Et le mort fut sommé de plaider en coupable,
Laissant sa jolie veuve jouer à l’incapable.
Le jury larmes aux yeux, acquitta la maman,
Tandis que l’avocat devenait son amant.
Sur l’oreiller, un soir, la belle soupira,
Je m’en veux lui dit-elle au moment de l’étreinte
Je regrette pour les empreintes,
J’ai perdu la raison
J’aurais du choisir le poison,
Je vois dit l’avocat un tantinet meurtri
C’est le genre d’erreur que l’on me paye au lit
Julien SABBAN