La Soprano et le Maître de chant
La Soprano et le Maître de chant
Par un beau jour bien clair, sur la place de ville,
Un maître de chant musait,
C’était son heure versatile,
Il regardait les gens passer.
Le hasard faisant bien les choses,
Margot, la soprano passa.
Bien faite et court vêtue, notre belle diva,
Pleurait.
-Ah, dit-elle apercevant le maître,
Qui battait la mesure de sa fine baguette.
Je suis bien aise de vous voir !
Sachez que mon destin me cause bien des peines,
Maître, depuis des jours, j’ai égaré ma voix.
Moi, qui chantait hier, comme un gai rossignol,
J’ai le gosier au vitriol,
Et mon larynx est de guingois !
-Je vois, dit le grand Maître, l’œil sur la demoiselle,
Moi, qui plaçait en vous, une grande espérance,
Jupiter me pardonne, j’en suis fort courroucé !
Voyez à quels excès, vous mènent vos démences,
Vous avez trop enfreint les règles de musique,
Et vos amants philharmoniques,
Duos, trios et quatuors,
Sont néfastes aux jouvencelles.
-Mais que faire à présent ? lui demande la belle,
-A chanter avec eux, vous avez contracté,
Un syndrome mortel, que je m’en vais soigner.
Il me faut restaurer, en vous ce bel organe,
Qui faisait le bonheur, de tous les mélomanes !
-Maître ! s’écrie la Margot dépitée,
Je connais ce discours, on me l’a déjà fait.
Si j’ai perdu ma voix, j’ai conservé ma tête
Je ne crois pas beaucoup à votre tête à tête,
Et si mon instrument, est rétif au contre-ut,
Votre médication, n’atteindra pas son but.
-Alors ma belle enfant, dit le Maître de chant,
Renoncez à jamais, aux gloires des solistes,
Vous ne serez plus concertiste.
-Nous voilà donc, Monsieur l’artiste,
Je vois bien à vos yeux, que ce n’est pas ma voix,
Qui vous fait me parler ainsi,
C’est votre concupiscence,
Qui exploite mon désarroi.
De vos conseils, je m’en balance,
Gardez donc vos remèdes, pour un autre parti,
Moi, je vous ai compris.
Je m’en vais retourner, à mes jeunes amours,
Je vais chanter à ma manière,
En partenaire singulière,
Après tout, Beethoven était sourd !
Julien SABBAN