Le requin pas sage

Le requin pas sage

Un tout jeune requin lassé par les études,

Quitta son banc d’école au fond des océans,

Au grand dam de son maître et de ses inquiétudes,

Il voulait voir le monde, et s’en fut en courant.

La maman avertie de la fugue du môme,

S’écrie « Mon dieu seigneur » et tombe dans les pommes.

J’ignore s’il existe un dieu pour les requins,

Mais si la mère pleure invoquant un seigneur

C’est qu à l’instar des hommes, elle aussi, elle a peur.

La nature pourtant, fait toujours bien les choses

La maman secourue avec force câlins,

Par des requins pompiers dont l’océan dispose,

Prend son mal en patience et attend le gamin.

Au petit matin le fugueur occasionnel

Revient au logis maternel.

-Je voulais, dit-il à sa mère

Affronter le cyclope sous la vague profonde

                                                                                        Et voir jaillir le feu des entrailles du monde

Te montrer mon courage et que tu en sois fière

C’était là mon projet, toute mon aventure.

-Enfant, lui dit la mère.

-Je te savais hardi mais te croyais plus sage

Tu risquais mon  petit, des rencontres sauvages !

-J’ai rencontré, maman, un animal étrange,

Pas un requin, mais un mélange

Une sorte de créature,

Mi poisson et mi inconnu.

Comme j’arrivais imprévu,

Il retourna vers moi sa tête toute noire

Munie d’un œil brillant et qui me fit très peur

J’aurais pu lui parler et n’était ma frayeur

Il m’aurait expliqué ses deux longues nageoires

Et son œil de lumière

Inondant l’océan

J’ouvris la bouche, tu me connais, maman

Un salut, façon coutumière

Hé bien, il s’est enfui, craignant une riposte

Il faut te méfier, mon fils, dit la requine

Des gens de cette sorte

Et si tu ne veux pas que l’on nous extermine

Fuis les rivages infestés,

De ces animaux détestés

Ils possèdent à eux seul les moyens de détruire

Tous les êtres vivant au fond des océans

Retourne à ton école et apprend donc à lire

Ton maître te dira que cet être nuisant

Celui que nous devons éviter, il se nomme

                  L’homme.