Ô Crooner
La nostalgie, n'est plus ce qu'elle était , nos chanteurs de charme semblent avoir déposé les armes. Ohé, nat king Cole, Sinatra, Armstrong, et tous les nôtres, Brel, Hardy, Delpech, Anthony et tous les autres...perdus...d'oreilles! Où êtes-vous?
Ô Crooner
Un singe chantait dans la forêt.
Il se sentait l’âme tzigane.
Epris de mélodies lacrymales et profanes,
Il répandait dans les futaies,
Ses complaintes mélancoliques,
Sans soucis des mauvais coucheurs,
Des critiques et de tous les râleurs.
Un chevreuil aux grands bois, ému par sa musique,
S’approche de l’artiste, et lui dit tout de go :
-J’aime ton chant l’ami, et tu m’es sympathique,
Je chante moi aussi, mais des airs d’opéra,
Nous pouvons, tous les deux, chanter du bel canto,
Inventer un concept nouveau.
Nous allons mon ami, avec maestria,
De la grande Tosca, chanter le Lamento.
Cet air te conviendra, et c’est triste à mourir.
-Mon ami, dit le singe, en se grattant la tête,
Il faut ici que je t’arrête,
Si je chante, c’est par plaisir.
Je n’ai pas de public, j’ignore les bravos.
Je suis un chanteur libre, sans amour ni attache,
Et le dernier des singes apaches.
Je ne serai pour toi, qu’un piètre compagnon.
Un boulet de canon.
Mais ces airs d’opéra, qu’ici tu barytonnes,
Font peur aux habitants, et ne plaisent à personne.
-Parle pour toi, l’ami, réplique le chevreuil,
Ma voix porte au lointain, des musiques d’espoir,
J’ai un club de groupies, qui ont la larme à l’œil,
Quand je chante allégro, l’aria du grand Mozart.
Car, même dans ces bois, on aime le grand art,
Tu n’es qu’un ignorant, imbu de sa personne,
Ajoute le chevreuil. Si tu veux que l’on t’aime,
Ne joue plus les maudits, et met fin à ta pose,
Parfume tes chansons, avec de l’eau de rose.
Et il est inutile, de pleurer sur soi –même,
Plus personne, aujourd’hui, ne rêve de bohème.
Tu es de ces chanteurs, le dernier exemplaire,
Reviens donc au principe, le plus élémentaire,
Chante l’amour, chante la vie,
Chante les fleurs, chante les blés,
Et met dans tes chansons de joyeux confettis.
La douleur et la mort sont thèmes interdis,
Et je sais, qu’en nos bois, tout comme dans nos villes,
On aime les chansons, aux paroles débiles.
Julien SABBAN