La Gourmande
Il y a dans la gourmandise un élément tellement passionnel qu'il me fallait en faire une fable.
La Gourmande
Bérénice, chacun le sait
Ne cache pas sa gourmandise
Croquer des chocolats, toute seule, à la brune.
Est son péché mignon ; dans une moue exquise,
Elle l’avoue sans gêne aucune.
Elle est prompte à se pardonner,
Son goût pour les garçons et les crèmes glacées
Mais elle a parfois des remords
Quand elle voit dans les yeux de Victor
Les reproches non dits d’un amoureux transi
-Arrête lui dit-elle de me juger ainsi
Si je me gave de douceurs
C’est que j’ai mal, j’ai mal au cœur
Tu me trouves volage aussi
Mais Je suis comme toi, je suis de notre temps
Et j’ai appris à ma mesure
Ce que valent tous les serments
Des hommes et leur désinvolture.
C’est pourquoi je vis maintenant
Comme il me plaît, sans états d’âme
Comme il convient à une femme
-Ton opinion si noire des hommes et de l’amour
Lui répond son ami qui entend son discours,
J’en connais trop bien l’origine
Et je sais le mal qui te mine
Arrête je t’en prie ce propos fantaisiste
Et tout ce charabia qui se veut féministe,
L’amour et l’amitié ne sont pas consommables,
Comme glaces ou caramels
Et ton bel âge n’est pas éternel.
Tu tresses Bérénice, pour ce jour, pour demain,
Des moments de ta vie, que je vois difficiles.
Il te faut mettre fin aux pulsions futiles,
Tes amants ne sont pas des objets, des machins,
Pour des amours fugaces, aux jeux sans lendemains.
Toutes ces idées folles, jette-les au panier,
Ne construis pas ta vie sur de simples passades
Ou mieux encore, sur des envies, des rigolades,
Adopte la simplicité.
L’amour, le bel amour, il est là ; près de toi,
Regarde autour de toi, et puis regarde-moi.
-Tu parles comme un vieux lui répond Bérénice
A mon âge Victor on ignore le temps,
Et moi, je vis à mon caprice,
Autant en emporte le vent.
Julien SABBAN