Paroles et musique
Parole et musique
Un jeune philosophe amoureux d’une belle
Lui demanda un jour, pourquoi, en la voyant,
Son cœur cessait de battre, sa voix devenait telle
Qu’il lui parlait en bégayant.
Or j’ai beau vous cacher mon angoisse et ma peine,
Ce mal étrange et doux me ronge et me malmène.
La belle le regarde, elle a envie de rire,
-Vous parlez franc monsieur de votre mal d’amour !
-Quoi, je dis ma souffrance et vous riez toujours ?
-C’est que cette douleur n’est pas vraiment la pire,
Le mal dont vous souffrez est un bien précieux
Un art, un chant mélodieux
-Las, je ne chante pas et je suis philosophe
-Ce n’est pas une catastrophe
Je suis bien aise d’être aimée
Mais quittez je vous prie cette mine affligée
Pour être philosophe, on n’en n’est pas moins homme
Vous êtes amoureux en somme !
- C’est un état bien surprenant
Que l’amour avec ses tourments,
J’ai eu beau chercher dans les livres,
J’aimerais bien qu’on m’en délivre.
Et moi qui vous parle aujourd’hui,
Dites moi où en quel pays
On enseigne cet art d’aimer
Qui fait que devant vous je suis tout désarmé !
-Voilà un beau discours et qui va droit au cœur,
Mais toutes vos questions mon charmant orateur
Sont superflues et vaines
Il faut ménager votre peine,
Oublier tous vos livres et la philosophie
Ecoutez votre cœur, son chant, sa rapsodie.
Que vos mains inspirées me découvrent, me frôlent,
Joignez le geste à la parole
Voyez mes yeux, prenez ma bouche
Sentez tout près de moi cet aveu qui me touche
Ecoutez aussi le silence et la brise de nos soupirs
Laissez venir en vous les vagues du désir !
-Pardieu, s’écrie le jeune homme tout rouge
Je sens dedans mon cœur quelque chose qui bouge.
-Tout doux mon bel ami lui dit la demoiselle
Je ne suis pas encore celle
Qui vous enseignera l’amour
Pour cela mon beau troubadour,
Il faudra du temps, des études
-Je sais dit le garçon, mais j’ai des aptitudes
Et des qualités artistiques
Vous m’avez appris la musique
Et vous conviendrez, c’est très drôle
Je crois connaître les parole
Julien SABBAN
On dit que l'amour est aveugle, dans cette fable, si notre philosophe en perd la parole, il semble pour le moins conserver son oreille!